Tourisme Solidaire

2008 :  rencontres avec Moha

Moha, Touareg sédentarisé à Merzouga m’avait écrit en novembre 2008 pour me demander de faire connaître le site de son auberge familiale à tous ceux « qui veulent découvrir le désert, sa culture, son patrimoine de sable, ses fossiles et ses gravures rupestres, voir les belles dunes allant jusqu’à 150 mètres de hauteur, admirer le lever et le coucher de soleil, faire des randonnées à dos de dromadaire et bivouaquer dans différents sites magnifiques ».

Il explique que le rôle social de son auberge lui tient à cœur: « nous employons des nomades, des familles très pauvres qui travaillent avec leurs dromadaires en randonnées, en bivouac, et gagnent avec nous un peu d’argent pour mieux vivre » Ne pas avoir de réservations le préoccupe pour eux.

Dans le Guide Globe-Trotters : « Partir …au MAROC autrement », l’auberge familiale de Moha est chaudement recommandée : « Au centre du village de Merzouga (…) une adresse rustique mais chaleureuse comme on les aime. »

Avec quelques amis nous lisons les pages du site www.merzouga-dromadaire.com et les témoignages enthousiastes nous donnent envie d’aller découvrir par nous – mêmes Moha, son auberge et la région de Merzouga.

Nous prenons contact et pour joindre l’utile à l’agréable, nous lui proposons d’aller lui montrer la fabrication et le fonctionnement des fours solaires. C’est en vieux Trafic Renault, chargé de tout le nécessaire pour fabriquer des fours, ainsi que , à la demande de Moha, de vêtements destinés à des familles de nomades, que nous arrivons à Merzouga le 14 janvier 2009.

Nous sommes tout de suite conquis par l’enthousiasme, l’humour, l’intelligence et la gentillesse de cet ancien nomade touareg dynamique, un peu poète, un peu philosophe. Sa préoccupation constante d’aider les plus démunis nous touche beaucoup. Sa connaissance parfaite de la région, son souci de préserver la nature en font un guide très agréable et très compétent. Conteur hors pair, il sait tenir an haleine ses auditeurs avec ses histoires (presque vraies) de fantômes ou ses théories sur la marche du monde.

Nous faisons connaissance avec toute sa famille, surtout son frère Ali et son fils ainé Belkacem, souriant garçon de 10 ans qui ne quitte son père que pour aller à l’école.

C’est avec enthousiasme que Moha s’est lancé dans l’aventure des fours solaires, invitant les voisins à des repas cuits avec le soleil et les persuadant de l’utilité de ce mode de cuisson écologique et économique qui va changer leur vie.

L’auberge, agrandissement de la maison familiale, se trouve en plein centre du village. Grand bâtiment tout en longueur, surmonté d’une grande terrasse d’où on peut admirer les hautes dunes au-delà du village. Elle est bien aménagée, les chambres sont agréables, la grande salle très accueillante. Le tout est simple, rustique, sans clinquant, sans prétention. Le quartier est animé, loin des luxueux centres touristiques à l’écart du village. L’école, le centre médical, la poste, la gendarmerie se trouvent à proximité de l’auberge , où les hommes du village viennent boire le thé, tandis que les femmes vont bavarder à la cuisine. Elles vont se charger de distribuer les vêtements aux familles dans le besoin.

La cuisine, traditionnelle, est excellente : tajines, couscous, omelettes berbères … et, depuis peu les plats cuits dans le four solaire !

Sur le plan découverte la région immédiate est très riche. Les dunes où il a fait bon se promener, pour aller passer une nuit dans le campement, adorable petite oasis d’où on n’a plus envie de partir , la visite à la communauté des gnaouas qui nous a offert un concert et du thé, la ville proche de Rissani où l’association des menuisiers est immédiatement gagnée par la fièvre des fours solaires (et en fabrique pour 600 dh), Taouz, ses gravures rupestres et la vieille kasbah, l’usine de polissage des orthocéras, la palmeraie, le lac temporaire devenu immense étendue d’eau bleu turquoise en cet hiver pluvieux… De quoi ne jamais s’ennuyer.

Cet endroit est idéal pour un séjour en famille, et aussi pour tous ceux qui ont envie de découvrir le Maroc authentique. (ce mot galvaudé a ici tout son sens !)

Nous conseillons de choisir le printemps ou l’automne.

 

Marie-Jo

Contact : Solidarité Maroc 05

17 rue Jean Eymar

05000 Gap

[email protected]

 

 

2009 : Vacances solidaires et solaires au Maroc

Début janvier 2009, après avoir lu le site de l’Auberge Familiale de Merzouga https://www.merzouga-dromadaire.com , nous nous mettons en route pour découvrir l’Erg Chebi, le fourgon bourré de matériel pour construire des fours (bois, alu, verre, outils, etc.) et aussi de vêtements et de chaussures, selon le désir de Moha, avec qui nous avons pris contact. Il nous attend dans son “Auberge familiale”, au milieu du village de Merzouga, loin des luxueux centres touristiques. Pas déçus en découvrant cet ancien nomade touareg, sa gentillesse, son humour et sa philosophie. Il a transformé sa maison familiale en gîte chaleureux et sans clinquant, ouvert aux touristes désireux de connaître un Maroc réellement authentique, mais aussi ouvert aux voisins et voisines qui viennent volontiers y boire un verre de thé à la menthe ou bavarder avec les cuisinières.( lire :” Une idée de vacances solidaires” 20/3/2009)

Dès le lendemain nous commençons à monter un four devant des spectateurs de plus en plus nombreux, intrigués puis intéressés. Nous achetons à Rissani  du matériel pour en construire un second. Les menuisiers de l’Association Sijilmassa nous posent des questions, l’enthousiasme de Moha les gagne, nous leur laissons les plans et dans l’été ils réalisent et vendent une douzaine de fours à la population des environs.

Moha vante partout ce mode de cuisson écologique et économique, prête ses fours, invite ses voisins à goûter des repas mijotés au soleil : poulets, légumes, tajines…

Cette année, c’est au menuisier de Merzouga, un jeune musicien-chanteur gnaoua, que nous  laissons les plans en lui souhaitant d’en vendre beaucoup !

 

En mars 2010 nous revenons à Merzouga avec un nouveau projet. Pendant l’été, nous avons mis au point et expérimenté (légumes, viande, gâteaux, pain…) un système de four très simple et efficace, facile à réaliser, à partir de pare-soleil de voiture  dont on réunit deux côtés en entonnoir. Placé dans un trou creusé dans le sable il est à l’abri du vent et sa forme quasi parabolique permet de recevoir les rayons de soleil toute la journée sans le déplacer : c’est donc le four idéal pour le désert.

Nous chargeons devant l’auberge cinq dromadaires avec ce qu’il faut pour construire une vingtaine de ces fours, deux énormes sacs contenant vêtements et chaussures, et nos sacs à dos. Et nous voilà partis pour la plus merveilleuse des randonnées chamelières, dans un décor de rêve…dunes à perte de vue, petits massifs volcaniques, plateaux riches en fossiles.

Moha nous sert de guide et d’interprète. Nous allons à la rencontre de familles ou de groupes de nomades, certains sédentarisés vivant précairement, d’autres mieux organisés comme à Begaâ où une association est activement menée par des jeunes, d’autres encore continuant la vie de nomade, les plus pauvres..

 

Nous montons les fours en présence des habitants très intéressés et attentifs, qui nous offrent l’ombre et le thé, puis nous creusons un trou dans le sable pour l’installer, nous mettons au fond de l’entonnoir une pièce ronde en bois (ou du sable), pour assurer la stabilité d’un bocal peint en noir, sauf une tranche laissée transparente pour surveiller la cuisson. Pour le tester nous y versons un bol de riz et deux bols d’eau salée ; un trou percé dans le couvercle vissé permet d’introduire un thermomètre à tige. Le four est couvert d’une feuille de cellophane fixée avec des pinces à linge. Et il n’y a plus qu’à voir monter la température, surveiller le gonflement du riz jusqu’à absorption complète de l’eau.. Magique et convainquant!*

La dernière rencontre  nous laissera le plus fort souvenir. Devant une tente nomade rapiécée de mille lambeaux de vêtements et de bouts de plastique, une grand mère entourée de quatre petits mômes tisse une des bandes qui, assemblées, serviront à confectionner une tente nomade. Remarquable travail réalisé sur un métier on ne peut plus rudimentaire avec comme navette une simple branche pour passer la laine de dromadaire qu’elle a filée. Un travail de patience : un mois pour une bande, six bandes pour une tente, qu’elle vendra pour continuer à assurer la survie de la petite famille.

 

La grand’mère qui a un beau sourire malicieux suit avec attention le montage du four, et saura retenir les explications pour pasteuriser l’eau et cuire les aliments. Entre elle et ses petits-enfants il y a une belle complicité. Quand Ahmed soulève le plus jeune pour faire semblant de le jeter en l’air, l’éclat de rire de ce petit nomade  donne à ce coin de désert un petit air de fête.

La maman des enfants arrive avec un fagot de branches assemblées patiemment . Le four pourra en partie la libérer de cette tâche, tout en épargnant les rares arbres et buissons de ces lieux désertiques.

 

Sans Moha cette belle aventure n’aurait pas pu avoir lieu. Lui-même ancien nomade, son constant souci du mieux-vivre de tous ceux qui l’entourent le rend attentif au niveau de vie précaire de ses amis qui vivent dans le désert. Il est un guide idéal pour ces rencontres inoubliables, parfois émouvantes.

C’est aussi pour aider les enfants de ces familles qu’il a pris des responsabilités à l’école primaire de Merzouga et au collège de Taouz, et qu’il nous a demandé d’apporter livres et fournitures scolaires, matériel électronique, vêtements et chaussures. Là-bas, on a besoin de tout..

L’auberge familiale de Merzouga est l’endroit idéal pour qui souhaite découvrir le Maroc et la population attachante de cette localité en bordure de désert.

 

 

L’équipe : Claudie, Henri, Geneviève, André, Ahmed et Marie-Jo

Contact : Solidarité Maroc 05

17 rue Jean Eymar

05000 Gap

[email protected]